Enceinte de mon premier enfant, mon choix était simple : j’allais allaiter. Je savais que cela ne serait pas toujours facile, mais c’était ce qu’il y avait de mieux pour mon enfant (du moins c’est ce que je croyais). Cependant, la vie nous fait parfois prendre des chemins inattendus, voilà en plein ce qu’il s’est passé pour moi.
J’ai eu un accouchement assez facile malgré un gros bébé de 9 livres et 8 onces. C’est plutôt après que cela s’est compliqué. La première fois que j’ai essayé de mettre fiston au sein, il n’a rien voulu savoir. L’infirmière m’a expliquée que cela arrivait souvent et qu’on pouvait lui donner de mon lait (le colostrum que j’avais en abondance) avec une seringue. À chaque fois qu’il se réveillait, j’essayais d’abord de le mettre au sein puis je tirai du colostrum. Le lendemain, une autre infirmière a pris la situation en main en faisait le tour des possibilités avec moi : prise hamburger, football, couchée, madone, madone inversée etc. Mes mamelons invaginés n’aidaient surement pas la situation. Finalement, nous avions réussi avec beaucoup de patience et d’acharnement.
Rendus à la maison, une fois la montée de lait installée, cela est devenu très difficile. Quand ton fils pleure pour boire et que cela fait 45 minutes que tu essaies de multiples façons de lui faire prendre le sein, le découragement se fait sentir. Mon gros bébé était affamé, je devais bien le nourrir. Aussi, quand il parvenait à le faire, il m’arrivait de le laisser au sein malgré une mauvaise prise car enfin IL BUVAIT. Évidemment, on m’a recommandé de tirer du lait, mes seins étaient probablement engorgés et cela ne nous facilitait pas la chose. Évidemment, je lui ai donné ce lait quand il était incapable de boire au sein. Évidemment grâce à tout cela il prenait du poids. Les gerçures se sont installées et j’attendais avec impatience la prochaine halte d’allaitement du CLSC pour nous aider.
Là-bas, elles ont été gentilles, elles voulaient m’aider. J’ai rencontré la docteur parce que j’avais une mastite bi-latéralisée (aux deux seins). Elle m’a donnée des antibiotiques et pleins de trucs (que j’avais déjà eu de TOUT le monde autour de moi). Par contre, elle m’a laissée partir sans que mon fils prenne le sein correctement. Le problème n’était pas réglé!!
Nous sommes maintenant le 8e jour après mon accouchement, la fièvre de 39,7 C m’accable et mon fils ne boit toujours pas au sein. Je pleure de douleur et de découragement et je décide (avec mon conjoint qui me supporte dans toutes les décisions depuis le début, mais qui se sent impuissant) enfin qu’il allait être nourri au biberon puisqu’on m’a interdit le tire-lait à cause des trop profondes gerçures. Au début, qu’elle joie de le voir boire à sa faim. Le deuxième jour il a bu 50 onces dans une journée!! Puis, quelques jours plus tard, la culpabilité s’est emparée de moi….
Je ressaie de le mettre au sein, sans succès. J’ai même essayé plusieurs fois, (en cachette) à cause du sentiment de culpabilité que je ressentais. Alors voilà, je suis devenue une maman-biberon!!! Je l’ai choisi contre mon gré, parce que j’étais au bout de ce que je pouvais faire. J’aurais préféré allaiter, donner ce qu’il y a de meilleur à mon fils. J’aurai préféré ne pas me faire pointer du doigt lors d’une conférence sur le développement de l’enfant donnée par la halte d’allaitement. Ne pas avoir à stériliser douze biberons par jour, ne pas avoir à faire bouillir de l’eau, à m’inquiéter sur la conservation du lait, sur le lavage des bouteilles qui doit être impeccable, sur la façon dont je ferai chauffer le prochain biberon et sur la quantité de lait que je dois apporter avec moi en visite. Et par-dessus tout, j’aurais aimé ne pas me sentir coupable pour la gastro et la pneumonie qu’il a eu.
Non ce n’est pas facile de donner le biberon quand ton petit pleure en pleine nuit et que tu dois chauffer son lait. Oui c’est prenant allaiter, cela demande beaucoup de temps, mais donner le biberon aussi! Je ne suis pas une lâche qui a pris la solution dite facile. Je suis une maman qui voulait nourrir son enfant. Et si vous me demandez si je veux allaiter le prochain, je vous dirai oui!!! Je vais communiquer avec une conseillère en lactation qui prendra le temps qu’il faut pour m’aider, si j’avais su qu’elles existaient avant, j’aurai peut-être allaité plus longtemps…mais j’essaie de ne plus me faire de reproches, je suis humaine et imparfaite.